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Page:Dumas - La Reine Margot (1886).djvu/236

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LA REINE MARGOT.

Catherine ouvrit une de ces boîtes, elle contenait une pâte du carmin le plus séduisant.

— René, dit-elle, donne-moi de la pâte pour mes mains ; j’en emporterai avec moi.

René s’éloigna avec la bougie et s’en alla chercher dans un compartiment particulier ce que lui demandait la reine. Cependant il ne se retourna pas si vite, qu’il ne crût voir que Catherine, par un brusque mouvement, venait de prendre une boîte et de la cacher sous sa mante. Il était trop familiarisé avec ces soustractions de la reine mère pour avoir la maladresse de paraître s’en apercevoir. Aussi, prenant la pâte demandée enfermée dans un sac de papier fleurdelisé :

— Voici, Madame, dit-il.

— Merci, René ! reprit Catherine. Puis, après un moment de silence : Ne porte cet opiat à madame de Sauve que dans huit ou dix jours, je veux être la première à en faire l’essai.

Et elle s’apprêta à sortir.

— Votre Majesté veut-elle que je la reconduise ? dit René.

— Jusqu’au bout du pont seulement, répondit Catherine ; mes gentilshommes m’attendent là avec ma litière.

Tous deux sortirent et gagnèrent le coin de la rue de la Barillerie, ou quatre gentilshommes à cheval et une litière sans armoiries attendaient Catherine.

En rentrant chez lui, le premier soin de René fut de compter ses boîtes d’opiat.

Il en manquait une.




XXI

l’appartement de madame de sauve.


Catherine ne s’était pas trompée dans ses soupçons. Henri avait repris ses habitudes, et chaque soir il se rendait chez madame de Sauve. D’abord, il avait exécuté cette excursion avec le plus grand secret, puis, peu à peu, il s’était relâché de sa défiance, avait négligé les précautions, de sorte que