Page:Dumas - La Reine Margot (1886).djvu/312

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
304
LA REINE MARGOT.

Le sanglier était à sa bauge, et le piqueur qui l’avait détourné répondait de lui.

Une collation était prête. Le roi but un verre de vin de Hongrie. Charles IX invita les dames à se mettre à table, et, tout à son impatience, s’en alla, pour occuper son temps, visiter les chenils et les perchoirs, recommandant qu’on ne dessellât pas son cheval, attendu, dit-il, qu’il n’en avait jamais monté de meilleur et de plus fort.

Pendant que le roi faisait sa tournée, le duc de Guise arriva. Il était armé en guerre plutôt qu’en chasse, et vingt ou trente gentilshommes, équipés comme lui, l’accompagnaient. Il s’informa aussitôt du lieu où était le roi, l’alla rejoindre et revint en causant avec lui.

À neuf heures précises, le roi donna lui-même le signal en sonnant le lancer, et chacun, montant à cheval, s’achemina vers le rendez-vous.

Pendant la route, Henri trouva moyen de se rapprocher encore une fois de sa femme.

— Eh bien ! lui demanda-t-il, savez-vous quelque chose de nouveau ?

— Non, répondit Marguerite, si ce n’est que mon frère Charles vous regarde d’une étrange façon.

— Je m’en suis aperçu, dit Henri.

— Avez-vous pris vos précautions ?

— J’ai sur la poitrine ma cotte de mailles et à mon côté un excellent couteau de chasse espagnol, affilé comme un rasoir, pointu comme une aiguille, et avec lequel je perce des doublons.

— Alors, dit Marguerite, à la garde de Dieu !

Le piqueur qui dirigeait le cortège fit un signe : on était arrivé à la bauge.




XXX

maurevel.


Pendant que toute cette jeunesse joyeuse et insouciante, en apparence du moins, se répandait comme un tourbillon