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LA REINE MARGOT.

— Bon, bon ! répondit le roi avec son sourire fauve, plus il y en aura, plus nous serons contents ; amenez, amenez, Henri. Mais qui sont ces gentilshommes ? des vaillants, j’espère ?

— J’ignore, sire, si mes gentilshommes vaudront jamais ceux de Votre Majesté, ceux de monsieur le duc d’Anjou ou ceux de monsieur de Guise, mais je les connais et sais qu’ils feront de leur mieux.

— En attendez-vous beaucoup ?

— Dix ou douze encore.

— Vous les appelez ?

— Sire, leurs noms m’échappent, et, à l’exception de l’un d’eux, qui m’est recommandé par Téligny comme un gentilhomme accompli et qui s’appelle de La Mole, je ne saurais dire…

— De La Mole ! n’est-ce point un Lerac de La Mole, reprit le roi fort versé dans la science généalogique, un Provençal ?

— Précisément, sire ; comme vous voyez, je recrute jusqu’en Provence.

— Et moi, dit le duc de Guise avec un sourire moqueur, je vais plus loin encore que Sa Majesté le roi de Navarre, car je vais chercher jusqu’en Piémont tous les catholiques sûrs que j’y puis trouver.

— Catholiques ou huguenots, interrompit le roi, peu m’importe, pourvu qu’ils soient vaillants.

Le roi, pour dire ces paroles qui, dans son esprit, mêlaient huguenots et catholiques, avait pris une mine si indifférente que le duc de Guise en fut étonné lui-même.

— Votre Majesté s’occupe de nos Flamands ? dit l’amiral à qui le roi, depuis quelques jours, avait accordé la faveur d’entrer chez lui sans être annoncé, et qui venait d’entendre les dernières paroles de Sa Majesté.

— Ah ! voici mon père l’amiral, s’écria Charles IX en ouvrant les bras ; on parle de guerre, de gentilshommes, de vaillants, et il arrive ; ce que c’est que l’aimant, le fer s’y tourne ; mon beau-frère de Navarre et mon cousin de Guise attendent des renforts pour votre armée. Voilà ce dont il était question.

— Et ces renforts arrivent, dit l’amiral.

— Avez-vous eu des nouvelles, Monsieur ? demanda le Béarnais.