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Page:Dumas - La Reine Margot (1886).djvu/67

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LA REINE MARGOT.

avec celui qui n’a pas. » Voulez-vous, pour l’amour de Plutarque, partager votre omelette avec moi, nous causerons de la vertu en mangeant ?

— Oh ! ma foi, non, dit Coconnas ; c’est bon quand on est au Louvre, qu’on craint d’être écouté et qu’on a l’estomac vide. Mettez-vous là, et soupons.

— Allons, je vois que décidément le sort nous a fait inséparables. Couchez-vous ici ?

— Je n’en sais rien.

— Ni moi non plus.

— En tout cas je sais bien où je passerai la nuit, moi.

— Où cela ?

— Où vous la passerez vous-même, c’est immanquable.

Et tous deux se mirent à rire, en faisant de leur mieux honneur à l’omelette de maître La Hurière.




VI

la dette payée.


Maintenant, si le lecteur est curieux de savoir pourquoi M. de La Mole n’avait pas été reçu par le roi de Navarre, pourquoi M. de Coconnas n’avait pu voir M. de Guise, et enfin pourquoi tous deux, au lieu de souper au Louvre avec des faisans, des perdrix et du chevreuil, soupaient à l’hôtel de la Belle-Étoile avec une omelette au lard, il faut qu’il ait la complaisance de rentrer avec nous au vieux palais des rois, et de suivre la reine Marguerite de Navarre que de La Mole avait perdue de vue à l’entrée de la grande galerie.

Tandis que Marguerite descendait cet escalier, le duc Henri de Guise, qu’elle n’avait pas revu depuis la nuit de ses noces, était dans le cabinet du roi. À cet escalier que descendait Marguerite, il y avait une issue. À ce cabinet où était M. de Guise, il y avait une porte. Or, cette porte et cette issue conduisaient toutes deux à un corridor, lequel corridor conduisait lui-même aux appartements de la reine mère Catherine de Médicis.