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LA REINE MARGOT.

Coconnas demeura l’oreille tendue.

On entendit en ce moment l’hôte refermer la porte d’une chambre, puis la porte du corridor, y mettre les verrous, et revenir précipitamment du côté des deux interlocuteurs.

Il offrit alors un siège à Coconnas, un siège à Maurevel, et en prenant un troisième pour lui :

— Tout est bien clos, dit-il, monsieur de Maurevel, vous pouvez parler.

Onze heures sonnaient à Saint-Germain-l’Auxerrois. Maurevel compta l’un après l’autre chaque battement de marteau qui retentissait vibrant et lugubre dans la nuit, et quand le dernier se fut éteint dans l’espace :

— Monsieur, dit-il en se retournant vers Coconnas tout hérissé à l’aspect des précautions que prenaient les deux hommes, Monsieur, êtes-vous bon catholique ?

— Mais je le crois, répondit Coconnas.

— Monsieur, continua Maurevel, êtes-vous dévoué au roi ?

— De cœur et d’âme. Je crois même que vous m’offensez, Monsieur, en m’adressant une pareille question.

— Nous n’aurons pas de querelle là-dessus ; seulement, vous allez nous suivre.

— Où cela ?

— Peu vous importe. Laissez-vous conduire. Il y va de votre fortune et peut-être de votre vie.

— Je vous préviens, Monsieur, qu’à minuit j’ai affaire au Louvre.

— C’est justement là que nous allons.

— M. de Guise m’y attend.

— Nous aussi.

— Mais j’ai un mot de passe particulier, continua Coconnas un peu mortifié de partager l’honneur de son audience avec le sire de Maurevel et maître La Hurière.

— Nous aussi.

— Mais j’ai un signe de reconnaissance.

Maurevel sourit, tira de dessous son pourpoint une poignée de croix en étoffe blanche, en donna une à La Hurière, une à Coconnas, et en prit une pour lui. La Hurière attacha la sienne à son casque, Maurevel en fit autant de la sienne à son chapeau.

— Oh çà ! dit Coconnas stupéfait, le rendez-vous, le mot