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Page:Dumas - La Tulipe noire (1892).djvu/139

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Moins Rosa et moins Guillaume, les calculs de l’envieux étaient exacts.

Moins Guillaume, Cornélius mourait.

Moins Rosa, Cornélius mourait, ses caïeux sur son cœur.

Mynheer Boxtel alla donc trouver le bourreau, se donna à cet homme comme un grand ami du condamné, et moins les bijoux d’or et d’argent qu’il laissait à l’exécuteur, il acheta toute la défroque du futur mort pour la somme un peu exorbitante de cent florins.

Mais qu’était-ce qu’une somme de cent florins pour un homme à peu près sûr d’acheter pour cette somme le prix de la société de Harlem ?

C’était de l’argent prêté à mille pour un, ce qui est, on en conviendra, un assez joli placement.

Le bourreau, de son côté, n’avait rien ou presque rien à faire pour gagner ses cent florins. Il devait seulement, l’exécution finie, laisser mynheer Boxtel monter sur l’échafaud avec ses valets pour recueillir les restes inanimés de son ami.

La chose au reste était en usage parmi les fidèles quand un de leurs maîtres mourait publiquement sur le Buytenhoff.

Un fanatique comme l’était Cornélius pouvait bien avoir un autre fanatique qui donnât cent florins de ses reliques.

Aussi le bourreau acquiesça-t-il à la proposition. Il n’y avait mis qu’une condition, c’est qu’il serait payé d’avance.

Boxtel, comme les gens qui entrent dans les baraques de foire, pouvait n’être pas content et par conséquent ne pas vouloir payer en sortant.

Boxtel paya d’avance et attendit.