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Page:Dumas - La Tulipe noire (1892).djvu/192

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dit, à la rivière, et cela dans l’espérance de découvrir, à ces premiers rayons du soleil d’avril, la jeune fille ou la tulipe, ses deux amours brisées.

Le soir, Gryphus emporta le déjeuner et le dîner de Cornélius ; à peine celui-ci y avait-il touché.

Le lendemain, il n’y toucha pas du tout, et Gryphus descendit les comestibles destinés à ces deux repas parfaitement intacts.

Cornélius ne s’était pas levé de la journée.

— Bon, dit Gryphus en descendant après la dernière visite ; bon, je crois que nous allons être débarrassés du savant.

Rosa tressaillit.

— Bah ! fit Jacob, et comment cela ?

— Il ne boit plus, il ne mange plus, il ne se lève plus, dit Gryphus. Comme M. Grotius, il sortira d’ici dans un coffre, seulement, ce coffre sera une bière.

Rosa devint pâle comme la mort.

— Oh ! murmura-t-elle, je comprends : il est inquiet de sa tulipe.

Et se levant tout oppressée, elle rentra dans sa chambre, où elle prit une plume et du papier, et pendant toute la nuit s’exerça à tracer des lettres.

Le lendemain, en se levant pour se traîner jusqu’à la fenêtre, Cornélius aperçut un papier qu’on avait glissé sous la porte.

Il s’élança sur ce papier, l’ouvrit, et lut, d’une écriture qu’il eut peine à reconnaître pour celle de Rosa, tant elle s’était améliorée pendant cette absence de sept jours :

— Soyez tranquille, votre tulipe se porte bien.

Quoique ce petit mot de Rosa calmât une partie des dou-