à la taille souple, aux pieds fins, à la tête pleine de noblesse. Je parle de votre fleur, enfin.
Cornélius sourit.
— Belle imaginaire, ma bonne Rosa, tandis que vous, sans compter votre amoureux, ou plutôt mon amoureux Jacob, vous êtes entourée de galants qui vous font la cour. Vous rappelez-vous, Rosa, ce que vous m’avez dit des étudiants, des officiers, des commis de la Haye ? Eh bien, à Loevestein, n’y a-t-il point de commis, point d’officiers, point d’étudiants ?
— Oh ! si fait qu’il y en a, et beaucoup même, dit Rosa.
— Qui écrivent ?
— Qui écrivent.
— Et maintenant que vous savez lire…
Et Cornélius poussa un soupir en songeant que c’était à lui, pauvre prisonnier, que Rosa devait le privilège de lire les billets doux qu’elle recevait.
— Eh bien ! mais, dit Rosa, il me semble, monsieur Cornélius, qu’en lisant les billets qu’on m’écrit, qu’en examinant les galants qui se présentent, je ne fais que suivre vos instructions.
— Comment, mes instructions ?
— Oui, vos instructions ; oubliez-vous, continua Rosa en soupirant à son tour, oubliez-vous le testament écrit par vous, sur la Bible de M. Corneille de Witt. Je ne l’oublie pas, moi ! car, maintenant que je sais lire, je le relis tous les jours, et plutôt deux fois qu’une. Eh bien ! dans ce testament, vous m’ordonnez d’aimer et d’épouser un beau jeune homme de vingt-six à vingt-huit ans. Je le cherche, ce jeune homme, et comme toute ma journée est