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Page:Dumas - La Tulipe noire (1892).djvu/249

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teur qui, lui aussi, a découvert la tulipe noire, ou bien si ma tulipe a été volée par un autre que celui que je soupçonne, ou a déjà passé dans d’autres mains, si je ne reconnais pas l’homme, mais seulement ma tulipe, comment prouver que la tulipe est à moi ?

D’un autre côté, si je reconnais ce Boxtel pour le faux Jacob, qui sait ce qu’il adviendra ? Tandis que nous contesterons ensemble, la tulipe mourra ! Oh ! inspirez-moi, sainte Vierge ! il s’agit du sort de ma vie, il s’agit du pauvre prisonnier qui expire peut-être en ce moment.

Cette prière faite, Rosa attendit pieusement l’inspiration qu’elle demandait au ciel.

Cependant un grand bruit bourdonnait à l’extrémité du Grote-Markt. Les gens couraient, les portes s’ouvraient ; Rosa, seule, était insensible à tout ce mouvement de la population.

— Il faut, murmura-t-elle, retourner chez le président.

— Retournons, dit le batelier.

Ils prirent la petite rue de la Paille qui les mena droit au logis de M. van Systens, lequel, de sa plus belle écriture et avec sa meilleure plume, continuait de travailler à son rapport.

Partout, sur son passage, Rosa n’entendait parler que de la tulipe noire et du prix de cent mille florins ; la nouvelle courait déjà la ville.

Rosa n’eut pas peu de peine à pénétrer de nouveau chez M. van Systens, qui cependant se sentit ému, comme la première fois, au mot magique de la tulipe noire.

Mais quand il reconnut Rosa, dont il avait dans son esprit, fait une folle, ou pis que cela, la colère le prit et il voulut la renvoyer.