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Page:Dumas - La Tulipe noire (1892).djvu/273

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au moment où nous avons montré au lecteur Cornélius accoudé sur sa fenêtre.

C’est dans ce moment même que Gryphus entra.

Il tenait à la main un énorme bâton, ses yeux étincelaient de mauvaises pensées, un mauvais sourire crispait ses lèvres, un mauvais balancement agitait son corps, et dans sa taciturne personne tout respirait les mauvaises dispositions.

Cornélius, rompu comme nous venons de le voir par la nécessité de la patience, nécessité que le raisonnement avait menée jusqu’à la conviction, Cornélius l’entendit entrer, devina que c’était lui, mais ne se détourna même pas.

Il savait que cette fois Rosa ne viendrait pas derrière lui.

Rien n’est plus désagréable aux gens qui sont en veine de colère que l’indifférence de ceux à qui cette colère doit s’adresser.

On a fait des frais, on ne veut pas les perdre.

On s’est monté la tête, on a mis son sang en ébullition. Ce n’est pas la peine si cette ébullition ne donne pas la satisfaction d’un petit éclat.

Tout honnête coquin qui a aiguisé son mauvais génie désire au moins en faire une bonne blessure à quelqu’un.

Aussi Gryphus, voyant que Cornélius ne bougeait point, se mit à l’interpeller par un vigoureux :

— Hum ! hum !

Cornélius chantonna entre ses dents la chanson des fleurs, triste mais charmante chanson.

Nous sommes les filles du feu secret,
Du feu qui circule dans les veines de la terre ;