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XXXII

UNE DERNIÈRE PRIÈRE.


En ce moment solennel et comme ces applaudissements se faisaient entendre, un carrosse passait sur la route qui borde le bois, et suivait lentement son chemin à cause des enfants refoulés hors de l’avenue d’arbres par l’empressement des hommes et des femmes.

Ce carrosse, poudreux, fatigué, criant sur ses essieux, renfermait le malheureux van Baerle, à qui, par la portière ouverte, commençait de s’offrir le spectacle que nous avons essayé, bien imparfaitement sans doute, de mettre sous les yeux de nos lecteurs.

Cette foule, ce bruit, ce miroitement de toutes les splendeurs humaines et naturelles, éblouirent le prisonnier comme un éclair qui serait entré dans son cachot.

Malgré le peu d’empressement qu’avait mis son compagnon à lui répondre lorsqu’il l’avait interrogé sur son propre sort, il se hasarda à l’interroger une dernière fois sur tout ce remue-ménage, qu’au premier abord il devait et pouvait croire lui être totalement étranger.

— Qu’est-ce cela, je vous prie, monsieur le lieutenant ? demanda-t-il à l’officier chargé de l’escorter.

— Comme vous pouvez le voir, monsieur, répliqua celui-ci, c’est une fête.

— Ah ! une fête ! dit Cornélius de ce ton lugubrement