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Page:Dumas - La Tulipe noire (1892).djvu/36

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ceci. Tu as raison, dit le jeune homme, dont les joues rougirent un instant du regret qu’il avait d’avoir montré tant de précipitation dans ses désirs ; oui, tu as raison, restons ici. D’ici, nous les verrons revenir avec ou sans l’autorisation, et nous jugerons de la sorte si monsieur Bowelt est un brave homme ou un homme brave, ce que je tiens à savoir.

— Mais, fit l’officier en regardant avec étonnement celui à qui il donnait le titre de monseigneur ; mais Votre Altesse ne suppose pas un seul instant, je présume, que les députés ordonnent aux cavaliers de Tilly de s’éloigner, n’est-ce pas ?

— Pourquoi ? demanda froidement le jeune homme.

— Parce que s’ils ordonnaient cela, ce serait tout simplement signer la condamnation à mort de messieurs Corneille et Jean de Witt.

— Nous allons voir, répondit froidement l’Altesse ; Dieu seul peut savoir ce qui se passe au cœur des hommes.

L’officier regarda à la dérobée la figure impassible de son compagnon, et pâlit.

C’était à la fois un brave homme et un homme brave que cet officier.

De l’endroit où ils étaient restés, l’altesse et son compagnon entendaient les rumeurs et les piétinements du peuple dans les escaliers de l’hôtel de ville.

Puis on entendit ce bruit sortir et se répandre sur la place, par les fenêtres ouvertes de cette salle au balcon de laquelle avaient paru messieurs Bowelt et d’Asperen, lesquels étaient rentrés à l’intérieur, dans la crainte, sans doute, qu’en les poussant, le peuple ne les fît sauter par-dessus la balustrade.