Page:Dumas - La Tulipe noire (1892).djvu/40

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— Et pourquoi cela, puisque les cavaliers de Tilly sont toujours à leur poste ?

— Oui, mais tant qu’il ne sera pas révoqué, cet ordre est de rester devant la prison.

— Sans doute.

— En avez-vous un pour qu’ils vous accompagnent jusque hors la ville ?

— Non.

— Eh bien ! du moment où vous allez avoir dépassé les premiers cavaliers, vous tomberez aux mains du peuple.

— Mais la garde bourgeoise ?

— Oh ! la garde bourgeoise, c’est la plus enragée.

— Que faire, alors ?

— À votre place, monsieur Jean, continua timidement la jeune fille, je sortirais par la poterne. L’ouverture donne sur une rue déserte, car tout le monde est dans la grande rue, attendant à l’entrée principale, et je gagnerais celle des portes de la ville par laquelle vous voulez sortir.

— Mais mon frère ne pourra marcher, dit Jean.

— J’essaierai, répondit Corneille avec une expression de fermeté sublime.

— Mais n’avez-vous pas votre voiture ? demanda la jeune fille.

— La voiture est là, au seuil de la grande porte.

— Non, répondit la jeune fille. J’ai pensé que votre cocher était un homme dévoué, et je lui ai dit d’aller vous attendre à la poterne.

Les deux frères se regardèrent avec attendrissement,