Page:Dumas - La Tulipe noire (1892).djvu/49

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— Ce matin.

— Par qui ?

— Par un jeune homme de vingt-deux ans, pâle et maigre.

— Et pourquoi la lui avez-vous remise ?

— Parce qu’il avait un ordre signé et scellé.

— De qui ?

— Mais de messieurs de l’hôtel de ville.

— Allons, dit tranquillement Corneille, il paraît que bien décidément nous sommes perdus.

— Sais-tu si la même précaution a été prise partout ?

— Je ne sais.

— Allons, dit Jean au cocher, Dieu ordonne à l’homme de faire tout ce qu’il peut pour conserver sa vie ; gagne une autre porte.

Puis, tandis que le cocher faisait tourner la voiture,

— Merci de ta bonne volonté, mon ami, dit Jean au portier ; l’intention est réputée pour le fait ; tu avais l’intention de nous sauver, et, aux yeux du Seigneur, c’est comme si tu avais réussi.

— Ah ! dit le portier, voyez-vous là-bas ?

— Passe au galop à travers ce groupe, cria Jean au cocher, et prends la rue à gauche ; c’est notre seul espoir.

Le groupe dont parlait Jean avait eu pour noyau les trois hommes que nous avons vus suivre des yeux la voiture, et qui depuis ce temps et pendant que Jean parlementait avec le portier s’était grossi de sept ou huit nouveaux individus.

Ces nouveaux arrivants avaient évidemment des intentions hostiles à l’endroit du carrosse.

Aussi, voyant les chevaux venir sur eux au grand ga-