Page:Dumas - La Tulipe noire (1892).djvu/51

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ayant voulu sauter à la bride des chevaux, avait été renversé par eux.

C’était sur lui que les deux frères avaient senti passer la voiture.

Le cocher s’arrêta ; mais quelques instances que lui fît son maître, il ne voulut point se sauver.

En un instant, le carrosse se trouva pris entre ceux qui couraient après lui et ceux qui venaient au-devant de lui.

En un instant, il domina toute cette foule agitée comme une île flottante.

Tout à coup l’île flottante s’arrêta. Un maréchal venait, d’un coup de masse, d’assommer un des deux chevaux, qui tomba dans les traits.

En ce moment le volet d’une fenêtre s’entr’ouvrit et l’on put voir le visage livide et les yeux sombres du jeune homme se fixant sur le spectacle qui se préparait.

Derrière lui apparaissait la tête de l’officier presque aussi pâle que la sienne.

— Oh ! mon Dieu ! mon Dieu ! monseigneur, que va-t-il se passer ? murmura l’officier.

— Quelque chose de terrible bien certainement, répondit celui-ci.

— Oh ! voyez-vous, monseigneur, ils tirent le grand pensionnaire de la voiture, ils le battent, ils le déchirent.

— En vérité, il faut que ces gens-là soient animés d’une bien violente indignation, fit le jeune homme du même ton impassible qu’il avait conservé jusqu’alors.

— Et voici Corneille qu’ils tirent à son tour du carrosse, Corneille déjà tout brisé, tout mutilé par la torture. Oh ! voyez donc, voyez donc.

— Oui, en effet, c’est bien Corneille.