Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/168

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tendirent à la fois un rugissement et un cri ; ils virent pendant quelques secondes les roseaux s’agiter ; puis le silence et la tranquillité leur succédèrent : tout était fini.

Ils attendirent un instant pour voir si le comte reviendrait ; mais le comte ne revint pas. Alors ils eurent honte de l’avoir laissé entrer seul, et se décidèrent, puisqu’ils n’avaient pas sauvé sa vie, à sauver du moins son cadavre. Ils s’avancèrent dans le marais tous ensemble et pleins d’ardeur, s’arrêtant de temps en temps pour écouter, puis se remettant aussitôt en chemin ; enfin ils arrivèrent à la clairière et trouvèrent les deux adversaires couchés l’un sur l’autre : la tigresse était morte, et le comte évanoui. Quant aux deux petits, trop faibles pour dévorer le corps, ils léchaient le sang.

La tigresse avait reçu dix-sept coups de poignard, le comte un coup de dent qui lui