Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/200

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mot amour, et qui se voit tout-à-coup, comme un pauvre oiseau sans défense, prise et enveloppée dans une volonté plus puissante que sa résistance ; qui sent une main qui l’entraîne, si fort qu’elle se raidisse contre elle, et qui entend une voix qui lui dit : Vous m’aimez, avant qu’elle n’ait dit : Je vous aime.

Oh ! je vous le jure, je ne sais comment il se fit que je ne devins pas folle pendant cette nuit ; je me crus perdue. Je me répétais tout bas et incessamment : — Je l’aime ! je l’aime ! et cela avec une terreur si profonde qu’aujourd’hui encore je ne sais si je n’étais pas en proie à un sentiment tout-à-fait contraire à celui que je croyais ressentir. Cependant il était probable que toutes ces émotions que j’avais éprouvées étaient des preuves d’amour, puisque le comte, à qui aucune d’elles n’était échappée, les interprétait ainsi. Quant à moi, c’étaient les premières sensations de ce genre que je ressentais. On m’avait dit que l’on ne