Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/332

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poitrine qu’elle fondit en larmes. Alors ma vue, en s’abaissant sur elle, pénétra jusqu’à son cœur, et j’en eus pitié.

— Chère petite sœur, lui dis-je, il ne faut pas m’en vouloir des choses qui sont plus fortes que moi. C’est Dieu qui fait les événemens, et les événemens commandent aux hommes. Depuis que mon père est mort, je réponds de toi à toi-même ; c’est à moi de veiller sur ta vie et de la faire heureuse.

— Oh ! oui, oui, tu es le maître, me dit Gabrielle ; ce que tu ordonneras, je le ferai, sois tranquille. Mais je ne puis m’empêcher de craindre sans savoir ce que je crains, et de pleurer sans savoir pourquoi je pleure.

— Rassure-toi, lui dis-je ; le plus grand de tes dangers est passé maintenant, grâce au ciel, qui veillait sur toi. Remonte dans ta chambre, prie comme une jeune ame doit prier : la prière dissipe les craintes et sèche les pleurs. Va !

Gabrielle m’embrassa et sortit. Ma mère la