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Page:Dumas - La salle d'armes 2 Pascal Bruno, Dumont, 1838.djvu/149

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mand ; c’était une de ces beautés comme on en trouve en Sicile d’abord, puis dans une seule ville du monde, à Arles, où le même mélange de sang, le même croisement de races réunit parfois dans une seule personne ces trois types si différens. Aussi, au lieu d’appeler à son secours, ainsi qu’elle en avait d’abord eu l’intention, l’artifice de la toilette, Gemma se trouva si charmante dans son demi-désordre, qu’elle se regarda quelque temps avec une admiration naïve, et comme doit se regarder une fleur qui se penche vers un ruisseau ; et cette admiration, ce n’était point de l’orgueil, c’était une adoration pour le Seigneur, qui veut et qui peut créer de si belles choses. Elle resta donc ainsi qu’elle était. En effet, quelle coiffure pouvait mieux faire valoir ses cheveux que cet abandon qui leur permettait de flotter dans leur magnifique étendue ? Quel pinceau aurait pu ajouter une ligne à l’arc régulier de ses sourcils de velours ? et quel carmin aurait osé rivaliser avec le corail de ses lèvres humides, vif comme le fruit de la grenade ? Elle commença en échange et comme nous l’avons dit, à se regarder sans