Page:Dumas - La salle d'armes 2 Pascal Bruno, Dumont, 1838.djvu/236

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revoir ; puis il alla à une armoire pratiquée dans le mur, en tira deux assiettes, deux verres, deux fiasques de vin, une épaule de mouton rôtie, posa le tout sur la table, et parut attendre que le brigadier fût revenu de son évanouissement pour lui faire les honneurs de ce repas improvisé.

Nous avons vu l’appartement où la scène que nous racontons s’est passée ; c’était une chambre plus longue que large, ayant une seule fenêtre à un angle, une seule porte à l’autre, et la cheminée entre elles deux. Le brigadier, qui est maintenant capitaine de gendarmerie à Messine, et qui nous a raconté lui-même ces détails, était couché, comme nous l’avons dit, parallèlement à la croisée ; Bruno était debout devant la cheminée, les yeux fixés vaguement du côté de la porte, et paraissait de plus en plus s’enfoncer dans une rêverie profonde.

C’était le moment qu’avait attendu le brigadier, moment décisif où il s’agissait de jouer le tout pour le tout, vie pour vie, tête pour