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Page:Dumas - La salle d'armes 2 Pascal Bruno, Dumont, 1838.djvu/25

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LA SALLE D’ARMES.

paysage qui l’entourait : alors, soit qu’il fût parvenu au terme de son voyage, soit qu’avant de s’engager dans cet âpre et sombre défilé, qu’on appelle les Thermopyles de la Provence, il voulût jouir encore quelque temps de la vue magnifique qui se déroulait à l’horizon méridional, il alla s’asseoir sur le talus du fossé qui bordait la grande route, tournant le dos aux montagnes qui s’élèvent en amphithéâtre au nord de la ville, et ayant par conséquent à ses pieds une riche plaine, dont la végétation asiatique rassemble, comme dans une serre, des arbres et des plantes inconnus au reste de la France. Au-delà de cette plaine resplendissante des derniers rayons du soleil, s’étendait la mer, calme et unie comme une glace, et à la surface de l’eau glissait légèrement un seul brick de guerre, qui, profitant d’une fraîche brise de terre, lui ouvrait toutes ses voiles, et, poussé par elles, gagnait rapidement la mer d’Italie. Le mendiant le suivit avidement des yeux, jusqu’au moment où il disparut entre la pointe du cap de Gien, et la première des îles d’Hyéres ; puis, dès que la blanche apparition se fut effacée, il