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LA SALLE D’ARMES.

qu’il était proscrit : ce n’était plus la loyauté militaire de Brune qui venait, les larmes aux yeux, lui signifier les ordres qu’il avait reçus, c’était l’ingratitude haineuse de M. de Rivière, qui mettait à prix[1] la tête de celui qui avait sauvé la sienne[2]. M. de Rivière avait bien écrit à l’ex-roi de Naples de s’abandonner à la bonne foi et à l’humanité du roi de France, mais cette vague invitation n’avait point paru au proscrit une garantie suffisante, surtout de la part d’un homme qui venait de laisser égorger, presque sous ses yeux, un maréchal de France porteur d’un sauf-conduit signe de sa main. Murat savait le massacre des Mameluks à Marseille, l’assassinat de Brune à Avignon ; il avait été prévenu la veille par le commissaire de police de Toulon[3] que l’ordre formel avait été donné de l’arrêter : il n’y avait donc pas moyen de rester plus long-temps en France. La Corse, avec ses villes hospitalières, ses montagnes amies et ses forêts impénétrables, était à cin-

  1. À 48,000 fr.
  2. Conspiration de Pichegru.
  3. M. Joliclerc.