Aller au contenu

Page:Dumas - La salle d'armes 2 Pascal Bruno, Dumont, 1838.djvu/60

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
51
MURAT.

en minute allaient s’aplanissant. Murat regardait tristement s’éteindre, sur cette mer, où il se croyait enchaîné, le sillon phosphorescent que le petit bâtiment traînait après lui : il avait amassé du courage contre la tempête, mais non contre le calme ; et, sans même interroger ses compagnons de voyage, à l’inquiétude desquels il se méprenait, il se coucha au fond du bateau, s’enveloppa de son manteau, et, fermant les yeux comme s’il dormait, il s’abandonna au flot de ses pensées, bien autrement tumultueux et agité que celui de la mer. Bientôt les deux marins, croyant à son sommeil, se réunirent au pilote, et, s’asseyant près du gouvernail, commencèrent à tenir conseil.

— Vous avez eu tort, Langlade, dit Donadieu, de prendre une barque ou si petite ou si grande : sans pont nous ne pouvons résister à la tempête, et sans rames nous ne pouvons avancer dans le calme.

— Sur Dieu ! je n’avais pas le choix. J’ai été obligé de prendre ce que j’ai rencontré ; et si ce n’était pas l’époque des madragues[1],

  1. Pêche du thon.