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Page:Dumas - La salle d'armes 2 Pascal Bruno, Dumont, 1838.djvu/92

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MURAT

jor, lorsqu’il vit parmi les paysans un ancien sergent qui avait servi dans sa garde de Naples. Il marcha droit à lui, et lui mettant la main sur l’épaule : « Tavella, lui dit-il, ne me reconnais-tu pas ? » Mais comme celui-ci ne faisait aucune réponse : « Je suis Joachim Murat ; je suis ton roi, lui dit-il : à toi l’honneur de crier le premier vive Joachim ! » La suite de Murat fit aussitôt retentir l’air de ses acclamations ; mais le Calabrais resta silencieux, et pas un de ses camarades ne répéta le cri dont le roi lui-même avait donné le signal ; au contraire, une rumeur sourde courait par la multitude. Murat comprit ce frémissement d’orage : « Eh bien ! dit-il à Tavella, si tu ne veux pas crier vive Joachim, va au moins me chercher un cheval, et de sergent que tu étais je te fais capitaine. » Tavella s’éloigna sans répondre ; mais, au lieu d’accomplir l’ordre qu’il avait reçu, il rentra chez lui et ne reparut plus. Pendant ce temps la population s’amassait toujours sans qu’un signe amical annonçât à Murat la sympathie qu’il attendait : il sentit qu’il était perdu s’il ne prenait une résolution lapide. « À Monte-