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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

atteindre par le travail, l’expérience et la méditation, sans le secours d’aucune éducation scientifique. Qu’il eût pu s’élever plus haut, je l’ignore ; mais c’est quelque chose que d’avoir reconnu la composition de l’air et les bases de la théorie de la combustion ; et quand on entend répéter si souvent que, pour travailler au progrès des sciences, il faut vivre dans les grands centres universitaires et point dans le pesant atmosphère des provinces, on ne peut s’empêcher de se rappeler Schéele et Kœping.

Mais aussi quelle ardeur au travail ! Le président de Virly et d’Elhuyart allèrent le voir vers la fin de sa courte carrière. Eh bien ! ils trouvèrent cet homme, dont la réputation les attirait si loin et auquel ils venaient rendre un si touchant hommage, ils le trouvèrent dans sa boutique, en tablier ; et, dès qu’il connut l’objet de leur visite, il reprit son travail avec une admirable simplicité. Pendant quelques jours qu’ils passèrent à Kœping, il allait dîner avec eux ; mais, le dîner fini, il revenait à ses recherches, et les deux voyageurs ne manquaient pas de l’y suivre. Il n’est pas donné à tout le monde d’être Schéele, mais quand on est Schéele, on l’est partout.

Au moment où cet homme illustre, dont la destinée est empreinte de tant de mélancolie, semblait destiné à jouir paisiblement du fruit de ses travaux,