Page:Dumas - Leçons sur la philosophie chimique, 1878.djvu/196

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
192
PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

pris et vous comprendrez peut-être les souffrances auxquelles est condamné le génie, en voyant, à l’époque dont je parle, quand ses idées étaient développées avec une clarté qui ne laissait rien à désirer, en voyant, dis-je, qu’à cette époque Lavoisier était en France sans aucun appui parmi les chimistes, et qu’à l’étranger personne ne partageait ses doctrines. Bergmann, qui vivait encore, lui faisait des objections telles qu’en vérité on a peine à les comprendre. En Angleterre, personne n’était de son avis.

Enfin le jour de la justice arrive pour lui, mais bien tard, car ce n’est qu’en 1787 que Fourcroy professe concurremment les deux théories et qu’il consent à les mettre en parallèle dans ses cours. Berthollet adopte celle de Lavoisier en 1787. Guyton Morveau mettait en avant vers la même époque une nouvelle nomenclature, mais il l’appliquait à la théorie du phlogistique. Lavoisier, après quelques discussions, finit par entraîner tous les suffrages, et obtint que la nomenclature nouvelle serait l’expression de ses doctrines. Ce fut un vrai triomphe pour lui ; car bientôt cette théorie si belle, exposée dans un langage si clair et si logique, obtint la faveur populaire et réunit tous les suffrages.

Après vous avoir montré ce que Lavoisier était devenu homme savant, quels services immenses il