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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

trouverait fort difficilement chez d’autres savants de cette époque.

On ne doit pas, d’ailleurs, pour s’en faire une juste idée, se figurer qu’Albert le Grand soit auteur de tous les ouvrages qu’on lui attribue. Il ne faut pas compter, parmi ses œuvres, les Secrets du Petit Albert, ouvrage dont la composition est si peu en rapport avec la nature des devoirs d’un évêque, et dans lequel personne ne pourrait sérieusement reconnaître le style d’Albert, du maître de saint Thomas d’Aquin, son disciple favori. Il faut même en écarter un certain Traité d’Alchimie, le Traité des secrets du Grand Albert, auquel on a fait porter son nom, et qui est postérieur à son époque. Quand on a étudié ses écrits véritables et qu’on jette les yeux sur ce traité, on aperçoit bien vite la fraude, tant ces livres, forgés par les alchimistes, sont tracés d’une main lourde et maladroite. Enfin, il faut surtout mettre de côté sa réputation de magicien, et oublier les merveilles qu’on en raconte, quoiqu’elles soient dignes de figurer parmi les curieuses histoires d’enchantements qui ont amusé notre enfance.

Ainsi, ce n’est plus une tête d’airain qu’Albert le Grand avait fabriquée : c’était un homme tout entier, ce qu’on appelle l’Androïde d’Albert, personnage qui résolvait ses principales difficultés, et