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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

font ; de sorte que l’opinion qu’ils laissent établir sur leur compte va bientôt grossissant, et leur fait attribuer des connaissances qu’ils n’ont jamais possédées, et une puissance imaginaire.

Ceci, du reste, ne s’applique en rien à Albert le Grand, dont le traité de Mineralibus et Rebus metalicis offre tout au contraire plus de réserve et de sagesse qu’on n’en devrait attendre de l’époque. L’auteur y expose et y discute les opinions de Geber et des chimistes de l’école arabe ; il admet leur façon de voir sur la nature des métaux ; il partage leurs idées sur la génération de ces corps ; mais il y ajoute des observations qui lui sont propres, et surtout de celles que l’habitude de voir des mines et des exploitations métallurgiques lui a permis de faire.

On ne pourrait donc extraire de cet ouvrage que des faits de détail, si l’on voulait citer quelque chose qui appartînt à son auteur ; mais on donnerait par ce procédé une mauvaise appréciation de son mérite. Ce qui caractérise le traité de Rebus metallicis que j’ai étudié davantage, c’est l’exposition savante, précise et souvent élégante des opinions des anciens ou de celles des Arabes ; c’est leur discussion raisonnée, où se décèle l’écrivain exercé en même temps que l’observateur attentif.

À l’époque où florissaient Roger Bacon et Albert le Grand, la France ne possédait aucun savant de