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NICOLAS LE FÈVRE.

trente, et conduit à découvrir les dix autres : mais presque toujours elle se modifie ou succombe devant dix faits nouveaux ajoutés à ces derniers. On la voit naître, se développer, vieillir et mourir comme toutes les idées de transition nécessaires au progrès de l’intelligence humaine. Si un auteur se borne à représenter les vingt faits connus et qu’il s’arrête, sa pensée nous semble un avorton sans vitalité : de là cet abandon où on la laisse.

Vous comprendrez l’à-propos de ces réflexions, quand j’ajouterai que Le Fèvre, professeur habile et heureusement placé pour faire dominer une idée, n’a pu, malgré ses efforts, donner à son esprit universel la place qu’il méritait peut-être. Loin de là, comme Le Fèvre n’est point inventeur, qu’il se borne à généraliser, à épurer la pensée d’autrui, chacun semble avoir pensé que la stérilité de sa carrière condamnait ses doctrines, et bientôt celles-ci furent abandonnées.

Elles renfermaient pourtant un germe précieux, un premier essai de théorie, et ce premier essai reposait sur une vue juste de la nature des choses.

Qu’il y a loin, d’ailleurs, de Le Fèvre à ses prédécesseurs dans la manière dont ceux-ci envisageaient leur esprit universel, car cette création remonte aux premières époques de la Chimie ! C’est Hermès lui-même, le grand Hermès, qui en aurait révélé la