Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/124

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rend invisible et le balai ailé qui transporte en un instant d’un endroit à un autre. Pascal, comme on le comprend bien, encourageait ces bruits qui concouraient à sa sûreté ; mais comme cette faculté de locomotion et d’invisibilité ne lui paraissait pas encore assez rassurante, il saisit l’occasion qui se présenta de faire croire encore à celle d’invulnérabilité.

Si bien renseigné que fût Pascal, il arriva une fois qu’il tomba dans une embuscade ; mais, comme ils n’étaient qu’une vingtaine d’hommes, ils n’osèrent point l’attaquer corps à corps, et se contentèrent de faire feu à trente pas contre lui. Par un véritable miracle, aucune balle ne l’atteignit, tandis que son cheval en reçut sept, et, tué sur le coup, s’abattit sur son maître ; mais, leste et vigoureux comme il l’était, Pascal tira sa jambe de dessous le cadavre, en y laissant toutefois son soulier, et gagnant la cime d’un rocher presque à pic, il se laissa couler du haut en bas et disparut dans la vallée. Deux heures après il était à sa forteresse, sur le chemin de laquelle il avait laissé sa veste de velours percée de treize balles.

Cette veste, retrouvée par un paysan, passa de main en main et fit grand bruit, comme on le pense : comment la veste avait-elle été percée ainsi sans que le corps fût atteint ? c’était un véritable prodige dont la magie seule pouvait donner l’explication. Ce fut donc à la magie qu’on eut recours, et bientôt Pascal passa, non-seulement pour posséder le pouvoir de se transporter d’un bout à l’autre de l’île en un instant, pour avoir le don de l’invisibilité, mais encore, et c’était la plus incontestée de ses facultés, attendu que de celle-ci la veste qu’on avait entre les mains faisait foi, pour être invulnérable.

Toutes les tentatives infructueuses faites contre Pascal, et dont on attribua la mauvaise réussite à des ressources sur humaines employées parle bandit, inspirèrent une telle terreur aux autorités napolitaines, qu’elles commencèrent à laisser Pascal Bruno à peu près tranquille. De son côté, le bandit, se sentant à l’aise, en devint plus audacieux encore ; il allait prier dans les églises, non pas solitairement et à des heures où il ne pouvait être vu que de Dieu, mais en plein jour et pendant la messe ; il descendait aux fêtes des villa-