Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/173

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tant face à face ; puis maître Térence rompant le premier le silence :

— Pardon, Votre Excellence, lui dit-il, mais puis-je savoir ce que vous attendez là ?

— Ce que j’attends ! demanda le petit vieillard ; tu dois bien t’en douter.

— Non, le diable m’emporte ! répondit Térence.

À ce mot : le diable m’emporte, il eût fallu voir la joie du petit vieillard ; ses yeux brillèrent comme braise, sa bouche se fendit jusqu’aux oreilles, et l’on entendit derrière lui quelque chose qui allait et venait en balayant le plancher.

— Ce que j’attends, dit-il, ce que j’attends ?

— Oui, reprit Térence.

— Eh bien ! j’attends mes culottes.

— Comment, vos culottes ?

— Sans doute.

— Mais vous ne m’avez pas commandé de culottes, vous.

— Non ; mais tu m’en as offert, et je les accepte.

— Moi ! s’écria Térence stupéfait ; moi, je vous ai offert des culottes ? lesquelles ?

— Celles-là, dit le vieillard en montrant du doigt celles auxquelles le tailleur travaillait.

— Celles-là? reprit maître Térence de plus en plus étonné ; mais celles-là appartiennent à don Girolamo, curé de Simmari.

— C’est-à-dire qu’elles appartenaient à don Girolamo il y à un quart d’heure, mais maintenant elles sont à moi.

— À vous ? reprit maître Térence de plus en plus ébahi.

— Sans doute ; n’as-tu pas dit, il y a dix minutes, que tu donnerais bien ces culottes pour être débarrassé de ta femme ?

— Je l’ai dit, je l’ai dit, et je le répète.

— Eh bien ! j’accepte le marché ; moyennant ces culottes je te débarrasse de ta femme.

— Vraiment ?

— Parole d’honneur !

— Et quand cela ?

— Aussitôt que je les aurai entre les jambes.