Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/177

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d’avance qu’elles me reviendraient, j’ai fait faire l’étoffe en laine d’amiante.

— Alors c’est autre chose, dit Térence en laissant glisser ses jambes le long de l’établi.

— Où vas-tu ? demanda le vieillard.

— Chercher mon fer.

— Attends.

— Comment, que j’attende ?

— Sans doute ; est-ce qu’un homme de ton mérite est fait pour se déranger pour un fer !

— Mais il faut bien que j’aille à lui, puisqu’il ne peut venir à moi.

— Bah ! dit le vieillard ; parce que tu ne sais pas le faire venir.

Alors il tira de sa poche un violon et un archet, et fit en tendre quelques accords.

A la première note, le fer s’agita en cadence et vint en dansant jusqu’au pied de l’établi ; arrivé là, le vieillard tira de l’instrument un accord plus aigu, et le fer sauta sur l’établi.

— Diable ! dit Térence, voilà un instrument au son duquel on doit bien danser.

— Achève mes culottes, dit le vieillard, et je t’en jouerai un air après.

Le tailleur saisit le fer avec une poignée, retourna les culottes, étendit les coutures sur un rouleau de bois, et les aplatit avec tant d’ardeur qu’elles avaient disparu, et que les culottes semblaient d’une seule pièce. Puis lorsqu’il eut fini :

— Tenez, dit-il au vieillard, vous pouvez vous vanter d’avoir là une paire de culottes comme aucun tailleur de la Calabre n’est capable de vous en faire. Il est vrai aussi, ajouta-t-il à demi-voix, que, si vous êtes homme de parole, vous allez me rendre un service que vous seul pouvez me rendre.

Le diable prit les culottes, les examina d’un air de satisfaction qui ne laissait rien à désirer à l’amour-propre de maître Térence. Puis, après avoir eu la précaution de passer sa queue par le trou ménagé à cet effet, il les fit glisser du bout de ses pieds à leur place naturelle, sans avoir eu la