Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/196

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où il était assis et en marchant droit au gouverneur, dites, dites, est-ce que c’est là une prison à mettre un roi ?

A ces mots, et tandis que le gouverneur balbutiait quelques excuses, ce furent les condamnés qui se levèrent à leur tour, stupéfaits d’étonnement ; ils avaient pris Murat pour un compagnon de vol et de brigandage, et voilà qu’ils le reconnaissaient maintenant pour leur ancien roi.

— Sire, dit Mattei, donnant dans son embarras au prisonnier le titre qu’il était défendu de lui donner, sire, si vous voulez me suivre, je vais vous conduire dans une chambre particulière.

— Il re Joachimo ! il re Joachimo, murmurèrent les condamnés.

— Oui, leur dit Murat en se levant de toute la hauteur de sa grande taille ; oui, le roi Joachim, et qui, tout prisonnier et sans couronne qu’il est, ne sortira pas d’ici, cependant, sans laisser à ses compagnons de captivité, quels qu’ils soient, une trace de son passage.

À ces mots, il plongea la main dans la poche de son gousset, et en tira une poignée d’or qu’il laissa tomber sur le parquet ; puis, sans attendre les remercîmens des misérables dont il avait été un instant le compagnon, il fit signe au commandant Mattei qu’il était prêt à le suivre.

Le commandant marcha le premier, lui fit traverser une petite cour, et le conduisit dans une chambre dont les deux fenêtres donnaient, l’une sur la pleine mer, l’autre sur la plage où il avait été arrêté. Arrivé là, il lui demanda s’il désirait quelque chose.

— Je voudrais un bain parfumé, et des tailleurs pour me refaire des habits.

— L’un et l’autre seront assez difficiles à vous procurer, général, reprit Mattei lui rendant cette fois le titre officiel qu’on était convenu de lui donner.

— Eh ! pourquoi cela ? demanda Murat.

— Parce que je ne sais où l’on trouvera ici des essences, et que parmi les tailleurs du Pizzo, il n’y en a pas un capable de faire à Votre Excellence autre chose qu’un costume du pays.

— Achetez toute l’eau de Cologne que l’on trouvera, et