ce que nous avons répondu, nous nous serions empressés.
— En ce cas, ne répondez rien, et empressez-vous. Allez ! Le garçon s’inclina jusqu’à terre, et sortit en courant.
Dix minutes après, le maure de l’hôtel rentra et vint à nous.
— Ce sont Leurs Excellences qui connaissent le baron Mollo ? nous demanda-t-il.
— C’est-à dire, lui répondis-je, que Nos Excellences ont des lettres pour lui de la part du fils du général Nunziante.
— Alors je fais mille excuses à Leurs Excellences de la manière dont le garçon les a reçues. En ce temps de malheur, où la moitié des maisons sont abandonnées, nous recommandons à nos gens les mesures les plus sévères à l’endroit des étrangers ; et je prierai Leurs Excellences de ne pas se formaliser si au premier abord...
— On les a prises pour des voleurs, n’est-ce pas ?
— Oh ! Excellences.
— Allons, allons, dit Jadin, nous nous ferons des complimens ce soir ou demain matin. En attendant, pourrait-on avoir une chambre ?
— Que dit Son Excellence ? demanda le maître de l’hôtel. Je lui traduisis le désir de Jadin.
— Certainement, reprit-il. Oh ! de chambres, il n’en manque pas ; mais il s’agit de savoir si Leurs Excellences voudront coucher dans des chambres.
— Mais certainement, dit Jadin, que nous voulons coucher dans des chambres. Où voulez-vous donc que nous couchions ? à la cave ?
— Dans les circonstances actuelles ce serait peut être plus prudent. Voyez ces messieurs, ajouta notre hôte en nous montrant l’honorable société que nous avons décrite, il y a huit jours qu’ils sont ici.
— Merci, merci, dit Jadin ; elle infecte, votre société.
— Il y a encore les baraques, nous dit l’hôte.
— Qu’est-ce que les baraques ? demandai-je.
— Ce sont de petites cabanes en bois et en paille que nous avons fait bâtir dans la prairie, et sous lesquelles tous les seigneurs de la ville se sont retirés.