Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/31

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

propositions furent repoussées ; il avait affaire à des créancières inexorables, qui répondaient à toutes les excuses : Pas de répit, pas de pitié, de l’argent à l’instant même, ou bien prisonnier.

L’idée de devenir prisonnier de deux jeunes et probablement de deux jolies femmes, n’était pas une perspective si effrayante qu’Horace repoussât ce mezzo termine, proposé par l’une d’elles comme moyen d’accommoder la chose. Il se reconnut donc prisonnier, secouru ou non secouru ; et, conduit par les deux tuppanelles, il fendit la foule, traversa la foire, et se trouva enfin au coin d’une petite rue qu’il était impossible de reconnaître dans l’obscurité, en face d’une voiture élégante, mais sans armoiries, où on le fit monter. Une fois dans la voiture, une de ses conductrices détacha un mouchoir de soie de son cou et lui banda les yeux. Puis toutes deux se placèrent à ses côtés ; chacune lui prit une main, pour qu’il n’essayât pas sans doute de déranger son bandeau, et la voiture partit.

Autant qu’on peut mesurer le temps en situation pareille, Horace calcula qu’elle avait roulé une demi-heure à peu près ; mais, comme on le comprend, cela ne signifiait rien, ses gardiennes ayant pu donner l’ordre a leur cocher de faire des détours pour dérouter le captif. Enfin, la voiture s’arrêta. Horace crut que le moment était venu de voir où il se trouvait ; il fit un mouvement pour porter la main droite a son bandeau ; mais sa voisine l’arrêta en lui disant : Pas encore ! Horace obéit.

Alors on l’aida à descendre ; on lui fit monter trois marches, puis il entra, et une porte se ferma derrière lui. Il fit encore vingt pas à peu près, puis rencontra un escalier. Horace compta vingt-cinq degrés ; au vingt-cinquième, une seconde porte s'ouvrit, et il lui sembla entrer dans un corridor. Il suivit ce corridor pendant douze pas ; et ayant franchi une troisième porte, il se trouva les pieds sur un tapis. Là, ses conductrices, qui ne l’avaient pas quitté, s’arrêtèrent.

— Donnez-nous votre parole d’honneur, lui dit l’une d’elles, que vous n’ôterez votre bandeau que lorsque neuf heures sonneront à la pendule. Il est neuf heures moins