Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/161

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l’un ni l’autre ne remuaient, il fit signe au capitaine Pamphile de sortir ; puis lorsque celui-ci eut obéi machinalement, le jeune Sioux prit au foyer une branche de sapin tout enflammée, mit le feu aux quatre coins de la cabane, sortit sa torche à la main, et commença d’exécuter autour de la hutte une danse étrange accompagnée d’un chant de victoire.

Quelque habitué que fût le capitaine Pamphile aux scènes violentes, il ne put s’empêcher de donner à celle-ci son attention tout entière. En effet, le lieu, l’isolement, le danger qu’il venait de courir, tout donnait à l’acte de justice qui s’accomplissait un caractère de vengeance sauvage ; il avait bien entendu dire parfois que, des chutes du Niagara aux rives de l’Atlantique, c’était une vieille législation établie que de brûler l’habitation des meurtriers ; mais il n’avait jamais assisté à une exécution de ce genre.

Appuyé contre un arbre et immobile comme s’il eût été garrotté lui-même, il vit d’abord une fumée noire et épaisse sortir par toutes les ouvertures, puis des langues de flamme traversèrent le toit, pareilles à des fers de lance rouges ; bientôt de tous côtés, des colonnes de feu surgirent, suivant des ondulations de la brise, tantôt se tordant comme des serpents, tantôt flottant comme des banderoles.

Pendant ce temps, et pareil au démon de l’incendie, le jeune Indien tournait, dansant et chantant toujours. Au bout d’un instant, toutes ces flammes se réunirent et formèrent un immense foyer qui jeta sa lueur à une demi-