Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/183

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bes de l’escalier, et s’arrêta, croyant qu’il rêvait ; c’était justement Georges, dont le capitaine Pamphile avait fait, il y avait une quinzaine de jours, épousseter les habits avec le manche d’une pique.

Le capitaine passa près de lui sans avoir l’air de remarquer son étonnement, et alla s’asseoir, selon son habitude, sur le capot du gaillard d’arrière. Il y était depuis une demi-heure à peu près, lorsqu’un autre matelot monta pour relever celui qui était de garde ; mais à peine fut-il sorti de l’écoutille, qu’il s’arrêta à son tour en apercevant le capitaine : on eût dit que le brave marin possédait, comme Persée, la tête de Méduse.

— Eh bien, dit le capitaine Pamphile après un moment de silence, qu’est-ce que tu fais donc, Baptiste ? Tu ne relèves pas ce brave Georges, qui est tout gelé de froid, depuis trois grandes heures qu’il est de quart. Qu’est-ce que c’est que cela ? Allons, dépêchons-nous un peu !

Le matelot obéit machinalement, alla prendre la place de son camarade.

— À la bonne heure ! continua le capitaine Pamphile ; chacun son tour, c’est de toute justice. Maintenant, viens ici, Georges, mon ami ; prends ma pipe, qui est éteinte, va me la rallumer, et que tout le monde me la rapporte !

Georges prit la pipe en tremblant, descendit, en chancelant comme un homme ivre, l’escalier de l’entre-pont, et reparut un instant après, le brûle-gueule allumé à la main. Il était suivi par tout le reste de l’équipage, silencieux et stupéfait : les matelots se rangèrent sur le tillac sans prononcer une seule parole.