Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/246

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rence aux deux chefs, lorsque leurs affaires respectives exigeraient qu’ils s’abouchassent.

Le lendemain, le Serpent-Noir s’achemina vers la tente, le calumet à la main. Le capitaine Pamphile, voyant les dispositions pacifiques du chef des Mosquitos, s’avança de son côté, le brûle-gueule à la bouche.

Le Serpent-Noir avait avalé sa bouteille d’eau-de-feu, et il en désirait une autre. Le capitaine Pamphile, sans être autrement curieux, n’était point fâché d’apprendre comment il retrouvait à l’isthme de Panama, et chef de Mosquitos, un homme qu’il avait quitté sur le fleuve Saint-Laurent, et chef des Hurons.

Or, comme tous deux étaient disposés à faire quelques concessions pour obtenir ce qu’ils désiraient, ils s’abordèrent ainsi que deux amis enchantés de se revoir ; puis, comme preuve de fraternité complète, le Serpent-Noir prit le brûle-gueule du capitaine Pamphile, le capitaine Pamphile le calumet du Serpent-Noir, et tous deux se poussèrent gravement des bouffées de fumée au visage ; puis, après un instant de silence :

— Le tabac de mon frère le visage pâle est bien fort, dit le Serpent-Noir.

— Ce qui veut dire que mon frère la peau rouge désire se rafraîchir la bouche avec de l’eau-de-feu, répondit le capitaine Pamphile.

— L’eau-de-feu est le lait des Hurons, reprit le chef avec une dignité méprisante qui prouvait qu’il sentait, de ce côté-là, toute sa supériorité sur les Européens.

— Que mon frère boive donc, dit le capitaine Pamphile