Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/270

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les autres parties de l’Amérique gémissaient encore sous le joug du gouvernement espagnol. À la grande et mémorable époque de l’émancipation du nouvel hémisphère, les peuples de cette vaste région n’avaient été soumis par aucun peuple européen ; l’Espagne n’avait exercé sur eux aucune autorité réelle, et avait été forcée de se borner à de chimériques prétentions contre lesquelles la bravoure et la constance des indigènes n’avaient cessé de protester. La nation des Mosquitos avait conservé intacte cette liberté primitive qu’elle tenait de son Créateur.

Dans la vue de consolider son existence, pour défendre sa liberté, le premier de tous les biens d’un peuple, et pour guider ses progrès vers le bonheur de l’état social, cette contrée a bien voulu nous choisir pour la gouverner déjà, dans cette immortelle lutte de la liberté américaine, nous avions montré aux peuples de ce continent que nous n’étions pas indigne de contribuer à l’affranchissement de cette noble moitié de l’espèce humaine.

Pénétré des devoirs que la Providence nous imposait en nous appelant, par le choix d’un peuple libre, au gouvernement de cette belle contrée, nous avions cru devoir différer, jusqu’à ce jour, la création des institutions qui doivent hâter son bonheur ; nous jugions nécessaire de bien connaître auparavant les besoins de la nation à laquelle ces institutions devaient s’appliquer.

Cette époque est enfin venue. Nous sommes heureux de pouvoir nous acquitter de ce devoir, dans un temps où la victoire vient de consacrer à jamais les destinées de ce