Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/284

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lorsqu’il touche le quai de la Douane, c’est la mendicité.

Vous ne la reconnalirez pas d’abord ; tant que vous n’êtes pas dans la rue de Tolède ou à Santa-Lucia, elle se déguise assez adroitement

D’abord, en douanier : le douanier qui ouvre votre malle vous tend la main.

Ensuite, en soldat : le soldat qui fait semblant de vous présenter les armes, si vous avez un bout de ruban à la boutonnière ou seulement un paletot propre ou des bottes vernies, vous tend la main.

Le facchino, qui, de force, s’empare de vos paquets et les porte à votre voiture, vous tend la main.

Le cocher, enfin, si bien, si doublement, si triplement qu’il soit, payé par vous qui ne connaissez pas les tarifs et qui vous laissez voler, ne se contente pas du vol et vous tend la main.

À la porte de l’hôtel, votre martyre cesse ; ces garçons si bien vêtus, si bien pommadés, si bien frisés, ne vous tendront la main qu’au moment du départ.

Vous voilà content, vous voilà heureux ; vous avez, après une traversée plus ou moins houleuse, mis le pied sur la terre ferme ; la terre vous semble bien avoir tant soit peu conservé le mouvement du bateau ; mais votre raison vous dit que c’est impossible, que, si la terre a un double mouvement, son mouvement sur elle-même, son mouvement autour du soleil, l’expérience vous a appris que ces mouvements sont insensibles. Vous vous rassurez donc, vous ouvrez votre fenêtre, tous vous mettez au bal-