Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/40

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contraire à celle adoptée par les autres chiens, c’est-à-dire le nez en l’air et la queue en bas. Cela dénotait qu’il avait une vue meilleure que l’odorat ; mais ce déplacement de facultés physiques était intolérable pour son maître, à cent pas duquel il courait toujours, faisant lever le gibier à deux portées de fusil de distance et le chassant à voix jusqu’à la remise.

Ce manège dura toute la journée.

Vers les cinq heures du soir, Alexandre avait fait à peu près quinze lieues, et Love plus de cinquante : l’un était exténué de crier et l’autre d’aboyer ; quant au chasseur, il avait accompli sa mission et s’était séparé de tous deux pour aller tirer des bécassines dans les marais de Pantin.

Tout à coup Love tomba en arrêt.

Mais un arrêt si ferme, si dur, qu’on aurait dit que, comme le chien de Céphale, il était changé en pierre. À cette vue, si nouvelle pour lui, Alexandre oublia sa fatigue, courut comme un dératé, tremblant toujours que Love ne forçât son arrêt avant qu’il fût arrivé à portée. Mais il n’y avait pas de danger : Love avait les quatre pattes rivées en terre.

Alexandre le rejoignit, examina la direction de ses yeux, vit qu’ils étaient fixés sur une touffe d’herbe, et, sous cette touffe d’herbe, aperçut quelque chose de grisâtre. Il crut que c’était un jeune perdreau séparé de sa compagnie ; et, se fiant plus à sa casquette qu’à son fusil, il coucha son arme à terre, prit sa casquette à sa main, et, s’approchant à pas de loup comme un enfant qui veut attraper un papillon, il abattit la susdite sur l’objet in-