Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/58

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qu’il ordonna une distribution extraordinaire de rhum et fit remise de cinq coups de garcette à un mousse qui était condamné à en recevoir soixante et dix.

» Le soir, on mit à la voile.

» Vu ce surcroît de provisions, le capitaine Pamphile jugea inutile de relâcher au cap de Bonne-Espérance, et laissant à droite les îles du prince Édouard, et à sa gauche la terre de Madagascar, il s’élança dans la mer des Indes.

» La Roxelane marchait donc bravement vent arrière, filant ses huit nœuds à l’heure, ce qui, au dire des marins, est un fort joli train pour un bâtiment de commerce, lorsqu’un matelot des vigies cria des huniers :

» — Une voile à l’avant !

» Le capitaine Pamphile prit sa lunette, la braqua sur le bâtiment signalé, regarda à l’œil nu, rebraqua de nouveau sa lunette ; puis, après un instant d’examen attentif, il appela le second et lui remit silencieusement l’instrument entre les mains. Celui-ci le porta aussitôt à son œil.

» — Eh bien, Policar, dit le capitaine, lorsqu’il crut que celui auquel il adressait la parole avait eu le temps d’examiner à son aise l’objet en question, que dis-tu de cette patache ?

» — Ma foi, capitaine, je dis qu’elle a une drôle de tournure. Quant à son pavillon — il reporta la lunette à son œil — le diable me brûle si je sais quelle puissance il représente : c’est un dragon vert et jaune, sur un fond blanc.

» — Eh bien, saluez jusqu’à terre, mon ami ; car vous avez devant vous un bâtiment appartenant au fils du soleil,