Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/75

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à sa place accoutumée, battant des ailes et chantant à plein bec le God save the king. Alors Jacques parut ne plus s’occuper de lui ; il monta sur les bastingages les plus éloignés du mât d’artimon, au haut duquel son ennemi était perché, gagna les vergues, s’arrêta un instant dans les huniers, grimpa au mât de misaine, se hasarda sur le cordage isolé qui conduit au mât d’artimon ; arrivé au milieu de ce chemin tremblant, il se suspendit par la queue lâcha les quatre pattes et se balança la tête en bas, comme s’il ne fût venu que pour jouer à l’escarpolette. Puis, convaincu que Catacoua ne faisait aucune attention à lui, il s’en approcha doucement, tout en ayant l’air de penser à autre chose, et, au moment où son rival était au plus fort de sa chanson et de sa joie, criant à tue-tête et battant l’air de ses bras emplumés, comme un cocher qui se réchauffe, Jacques interrompit son ariette et sa jubilation, en le saisissant vigoureusement de la main gauche par l’endroit où les ailes s’attachent au corps. Catacoua jeta un cri de détresse ; mais personne n’y fit attention, tant l’équipage entier était accablé par la chaleur étouffante que versait à flots le soleil à son zénith.

» — Tron dé l’air ! dit tout à coup le capitaine Pamphile, en voilà un de phénomène, de la neige sous l’équateur…

» — Eh non ! dit Double-Bouche, ça n’est pas de la neige ; c’est… Ah ! bagasse !

» Et il s’élança dans l’escalier.

» — Eh bien, qu’est-ce que c’est ? dit le capitaine Pamphile se soulevant dans son hamac.

» — Ce que c’est, cria Double-Bouche du haut de son échelle, c’est Jacques qui plume Catacoua.