Cette première publication de notre Journal, entièrement inédite, sera complète en trente numéros pour lesquels on s’abonne chez Jaccottet, rue Lepelletier, 31, et pour la vente, chez Delavier, rue Notre-Dame-des-Victoires, 11.
Le smatritel était dans sa cour, appuyé à l’une des colonnes de bois qui soutiennent l’avant-corps des stations de poste.
Nous nous arrêtâmes près de lui ; il nous regarda pardessus son épaule.
— Kalino, demandez des chevaux, lui dis-je.
Kalino demanda des chevaux.
Le maître de poste fit un mouvement d’impatience.
— Est-ce que vous n’avez pas entendu ? répliqua-t-il.
— Quoi ?
— Que je vous ai dit qu’il n’y en avait pas.
— Dites-lui que nous avons parfaitement entendu, Kalino, mais que nous sommes sûrs qu’il ment.
Kalino transmit ma réponse au smatritel, qui ne bougea pas.
— Faut-il frapper ? demanda Kalino.
— Non, il faut d’abord s’assurer qu’il ment.
— Et s’il ment ?
— Alors, Kalino, il faudra frapper.
— Et comment s’assurer s’il ment ou s’il ne ment pas ?
— Rien de plus simple, Kalino : en visitant les écuries.
— Je vais avec vous, dit Moynet.
Je restai près de notre homme qui ne bougeait pas.
Cinq minutes après être parti, Kalino revint furieux et le fouet levé.
— Il y a quatorze chevaux à l’écurie, dit-il, faut-il frapper ?
— Pas encore. Demandez, mon cher Kalino, comment il se fait qu’il y ait quatorze chevaux à l’écurie, quand on nous dit qu’il n’y a pas de chevaux.
Kalino transmit ma question au smatritel.
— Ce sont des chevaux des autres postes, répondit-il.
— Allez les tâter sous le ventre, Kalino, et s’ils sont en