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Page:Dumas - Le Caucase, 1859.djvu/141

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15 centimes le numéro
8 Mai 1859
No 18

LE CAUCASE
JOURNAL DE VOYAGES ET ROMANS
PARAISSANT TOUS LES JOURS

Nous commençons notre publication par le voyage d’ALEXANDRE DUMAS au Caucase.
Cette première publication de notre Journal, entièrement inédite, sera complète en trente numéros pour lesquels on s’abonne chez Jaccottet, rue Lepelletier, 31, et pour la vente, chez Delavier, rue Notre-Dame-des-Victoires, 11.

Le smatritel était dans sa cour, appuyé à l’une des colonnes de bois qui soutiennent l’avant-corps des stations de poste.

Nous nous arrêtâmes près de lui ; il nous regarda pardessus son épaule.

— Kalino, demandez des chevaux, lui dis-je.

Kalino demanda des chevaux.

Le maître de poste fit un mouvement d’impatience.

— Est-ce que vous n’avez pas entendu ? répliqua-t-il.

— Quoi ?

— Que je vous ai dit qu’il n’y en avait pas.

— Dites-lui que nous avons parfaitement entendu, Kalino, mais que nous sommes sûrs qu’il ment.

Kalino transmit ma réponse au smatritel, qui ne bougea pas.

— Faut-il frapper ? demanda Kalino.

— Non, il faut d’abord s’assurer qu’il ment.

— Et s’il ment ?

— Alors, Kalino, il faudra frapper.

— Et comment s’assurer s’il ment ou s’il ne ment pas ?

— Rien de plus simple, Kalino : en visitant les écuries.

— Je vais avec vous, dit Moynet.

Je restai près de notre homme qui ne bougeait pas.

Cinq minutes après être parti, Kalino revint furieux et le fouet levé.

— Il y a quatorze chevaux à l’écurie, dit-il, faut-il frapper ?

— Pas encore. Demandez, mon cher Kalino, comment il se fait qu’il y ait quatorze chevaux à l’écurie, quand on nous dit qu’il n’y a pas de chevaux.

Kalino transmit ma question au smatritel.

— Ce sont des chevaux des autres postes, répondit-il.

— Allez les tâter sous le ventre, Kalino, et s’ils sont en