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On nous donna six Cosaques du Don ; avec leurs longues lances comparées aux lestes fusils des Cosaques de la ligne, ces pauvres diables faisaient la plus piteuse mine qu’il se pût voir.
Nous visitâmes de nouveau nos armes ; toutes étaient en bon état. Nous partîmes.
Nos chevaux, qui s’étaient reposés chez Ali-Sultan, et qui s’y étaient gorgés d’avoine, suivaient au galop la longue plaine qui longe le bas des montagnes. Sans doute leur allure était trop rapide pour celle des chevaux de nos Cosaques, car un resta en arrière, puis deux autres imitèrent son exemple, puis enfin les trois autres nous abandonnèrent à leur tour, et du haut d’une éminence nous vîmes les chevaux, qui avaient retrouvé leurs jambes pour rentrer à l’écurie, retourner au galop vers la forteresse.
Nous en étions réduits à nos propres forces ; mais nous savions trouver un relais de chevaux et un poste de Cosaques au village d’Unter-Kale.
Outre ces chevaux et ces Cosaques, nous savions que nous trouverions à droite, sur notre route, un phénomène des plus curieux.
C’est, dans cette plaine où il n’y a pas un grain de sable, une montagne de sable de six ou sept cents mètres.
Nous commencions d’apercevoir son sommet jaune d’or, se détachant sur la teinte grisâtre du paysage.
À mesure que nous approchions elle semblait sortir de terre, tandis que, de son côté, la terre s’abaissait ; elle grandissait à vue d’œil, s’étendant comme une petite chaîne servant de contre-fort aux dernières rampes du Caucase, sur une longueur de deux verstes à peu près.
Elle avait trois ou quatre sommets, dont un plus élevé que les autres ; c’était celui-là qui pouvait avoir six à sept cents mètres.