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Nous y restâmes jusqu’à onze heures. J’avais grande envie d’y rester jusqu’au lendemain matin, mais il n’y avait pas moyen de laisser retourner M. Pigoulewsky seul à Bakou.
Nous l’y ramenâmes en repassant par cette solfaterra, qui a sur celle de Naples l’immense avantage de n’être pas éteinte.
CHAPITRE XXII.
Le lendemain de notre excursion chez les Parsis, vers neuf heures du matin, on nous annonça le prince Khaçard-Outzmieff : avec une régularité plus que européenne, il venait nous faire sa visite et se mettre à notre disposition.
Parler d’un prince tatar à des Parisiens, c’est leur parler d’une espèce de sauvage, à moitié enseveli dans une peau de mouton, ou plutôt dans deux peaux de mouton, l’une faisant papack, l’autre faisant bourka ; parlant une langue rude, gutturale, incompréhensible, traînant avec lui tout un attirail de sabres, de poignards, de schaskas et de pistolets, ignorant notre politique, notre littérature, notre civilisation.
Point : un prince tatar, quand il s’appelle le prince Khaçard-Outzmieff. ne ressemble à rien de tout cela.
Comme aspect extérieur, je l’ai déjà dit, c’est un fort bel homme de trente-cinq ans, aux traits réguliers, à l’œil vif et intelligent, au fond duquel brille un rayon presque invisible d’inquiétude et de sauvagerie, aux dents blanches splendidement, à la barbe tirant sur le noir acajou, à cause de la teinture de khina dont les Tatars et les Persans ont l’habitude de se colorer la barbe ; portant un bonnet très-fin et très-élégant d’agneau noir frisé et pointu à la manière géorgienne,