reine…. Jusque-là, tu n’es qu’une femme, et une femme qui porte malheur, une femme qui tue !…
— Ah ! par pitié, madame, s’écria Marie-Antoinette, voyez ma douleur, voyez mes larmes.
Et Marie-Antoinette essaya de passer, non plus dans l’espérance de fuir, mais machinalement, mais pour échapper à cette effroyable obsession.
— Oh ! tu ne passeras pas, hurla la vieille ; tu veux fuir, madame Veto… je le sais bien, l’homme au manteau me l’a dit ; tu veux aller rejoindre les Prussiens… mais tu ne fuiras pas, continua-t-elle en se cramponnant à la robe de la reine ; je t’en empêcherai, moi ! À la lanterne, madame Veto ! Aux armes, citoyens ! Marchons… qu’un sang impur….
Et, les bras tordus, les cheveux gris épars, le visage pourpre, les yeux noyés dans le sang, la malheureuse tomba renversée en déchirant le lambeau de la robe à laquelle elle était cramponnée.
La reine, éperdue, mais débarrassée au moins de l’insensée, allait fuir du côté du jardin, quand, tout à coup, un cri terrible, mêlé d’aboiements et accompagné d’une rumeur étrange, vint tirer de leur stupeur les gardes nationaux qui, attirés par cette scène, entouraient Marie-Antoinette.