et surtout de ne plus t’accuser d’aimer Geneviève.
On comprend combien la poignée de main donnée au citoyen Morand, à la suite de ce soliloque, fut plus franche et plus cordiale que celle qu’il lui donnait habituellement.
Contre l’habitude, le dîner se passait en petit comité. Trois couverts seulement étaient mis à une table étroite.
Maurice comprit que, sous la table, il pourrait rencontrer le pied de Geneviève ; le pied continuerait la phrase muette et amoureuse commencée par la main.
On s’assit. Maurice voyait Geneviève de biais ; elle était entre le jour et lui ; ses cheveux noirs avaient un reflet bleu comme l’aile du corbeau ; son teint étincelait, son œil était humide d’amour.
Maurice chercha et rencontra le pied de Geneviève. Au premier contact dont il cherchait le reflet sur son visage, il la vit à la fois rougir et pâlir ; mais le petit pied demeura paisiblement sous la table, endormi entre les deux siens.
Avec son habit gorge de pigeon, Morand semblait avoir repris son esprit du décadi, cet esprit brillant que Maurice avait vu quelquefois jaillir des lèvres de cette homme étrange, et qu’eût si bien accompa-