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LE COLLIER DE L.V RELNE. 117

tait passé par la tête. Voyez ma foie ; elle est aussi grande que mon repentir. Vous ne m’en voulez point, n’est ce pasT Ne boudez plus : foi de gentilhomme I j’en serais ati déses* poir.

La reine retira sa main de celle du roi.

— Lh bien ! que faites-vous, madame ? demanda Louis

— Sire, répondit Marie-Antoinette, une reine de France ne mont pas !

— Eh bien I demanda le roi étonné.

— Je veux dire que je ne suis pas rentrée hier à huit heures du soir !

Le roi recula surpris.

— Je veux dire, continua la reine avec le même sangfroid, que je suis rentrée ce matin à six heures seulement.

— Madame !

— Et que sans monsieur le comte d’Artois, qui m’a offig. t un asile et logée par pi lié dans une maison à lui, je ".’estais à la porte comme une mendiante.

— Ah I vous n’étiez pas rentrée, dit le roi d’un air som-Dre ; alors, j’avais donc raison ?

— Sire, vous tirez, je vous en demande pardon, de ce que je viens de dire une solution d"arithméticien, mais non une conclusion de galant homme.

— En quoi, madame ?

— En ceci que, pour vous assurer si je rentrais tôt ou tard, vous n’aviez besoin ni de fermer votre porte, ni de donner vos consignes, mais seulement de venir me trouver et de me demander : — A quelle heure êtes-vous rentrée, madame ?

— Oh 1 fit le roi.

— Il ne vous est plus permis de douter, monsieur ; vos espions avaient été trompés ou gagnés, vos portes forcées ou ouvertes, voîre appréhension combattue, vos soupçons dissipés. Je vous voyais honteux d’avoir usé de violence envers une femme dans son droit. Je pouvais continuer à jouir de ma victoire. Mais je trouve vos procédés honteux pour un roi, malséans pour un gentilhomme, et je ne veux pas me refuser la satisfaction de vous !e dire.