Page:Dumas - Le Collier de la reine, 1888, tome 1.djvu/21

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reposer, et encore grâce à un procédé dont je suis l’inventeur ; sans cela, il me faudrait trois jours.

Battu cette fois encore, le maréchal fit en signe de défaite un salut à son maître d’hôtel.

— D’ailleurs, continua celui-ci, les convives de monseigneur, sachant qu’ils auront l’honneur de dîner avec M. le comte de Haga, n’arriveront qu’à quatre heures et demie.

— En voici bien d’une autre !

— Sans doute, monseigneur ; les convives de monseigneur sont, n’est-ce pas, monsieur le comte de Launay, madame la comtesse Dubarry, monsieur de Lapeyrouse, monsieur de Favras, monsieur de Condorcet, monsieur de Cagliostro et monsieur de Taverney ?

— Eh bien ?

— Eh bien ! monseigneur, procédons par ordre : monsieur de Launay vient de la Bastille ; de Paris, par la glace qu’il y a sur les routes, trois heures.

— Oui, mais il partira aussitôt le dîner des prisonniers, c’est-à-dire à midi ; je connais cela, moi.

— Pardon, monseigneur ; mais depuis que monseigneur a été à la Bastille, l’heure du dîner est changée, la Bastille dîne à une heure.

— Monsieur, on apprend tous les jours, et je vous remercie. Continuez.

— Madame Dubarry vient de Luciennes, une descente perpétuelle, par le verglas.

— Oh ! cela ne l’empêchera pas d’être exacte. Depuis qu’elle n’est plus la favorite que d’un duc, elle ne fait plus la reine qu’avec les barons. Mais comprenez cela à votre tour, monsieur : je voulais dîner de bonne heure à cause de monsieur de Lapeyrouse qui part ce soir et qui ne voudra point s’attarder.

— Monseigneur, monsieur de Lapeyrouse est chez le roi ; il cause géographie, cosmographie, avec Sa Majesté. Le reine lâchera donc pas de sitôt monsieur de Lapeyrouse.

— C’est possible...

— C’est sûr, monseigneur. Il en sera de même de monsieur de Favras, qui est chez monsieur le comte de Proven-